Mariana Nicolesco s’est éteinte ce 14 octobre à Bucarest, à l’âge de 73 ans. Bienconnue en Roumanie pour son activité musicale, mais aussi caritative, Mariana Nicolesco avait travaillé avec les plus grands metteurs en scène des décennies 1970 et 1980: Luchino Visconti, Pier Luigi Pizzi, Giorgio Strehler, Patrice Chéreau, Luca Ronconi, Gian Carlo Menotti, Jean-Pierre Ponnelle, Franco Zeffirelli. Elle a chanté sous la direction des chefs les plus illustres, aussi : Carlo Maria Giulini, Wolfgang Sawallisch, Riccardo Muti, Seiji Ozawa, Lorin Maazel, Alberto Zedda, Colin Davis.

Mariana Nicolesco est née en Roumanie en 1948 où elle a étudié d’abord le violon avant de se tourner vers le chant. Elle commence les études dans son pays natal, mais continue au conservatoire Sainte-Cécile de Rome. Elle reçoit les conseils du grand pédagogue Rodolfo Celletti et d’Elisabeth Schwarzkopf. Remarquée par le chef Thomas Schippers elle est invitée à chanter Mimi dans La Bohème de Puccini à Cincinnati. C’est alors que commence sa brillante carrière internationale qui la mènera dans les plus célèbres temples de l’opéra : Metropolitan de New York dès 1978 (elle y est Violetta dans La traviata, rôle qu’elle interprétera quelque deux cents fois), Scala de Milan en 1982, festivals de Salzbourg et de Pesar. Elle chante pour la première fois à l’Opéra de Paris en 1985 dans le rare Convive de pierre d’Alexandre Dargomyjski. D’ailleurs elle est la soprane la plus distribuée dans des premières à la Scala de Milan de tous les temps. Elle a été surnommée la Reine du Belcanto, la Primadonna absolue ou encore la Diva divine. En Roumanie elle avait été condamnée à 5 ans de prison par le règime communiste. Elle n’a pu revenir qu’en 1991, après l’effondrement du règime et l’invalidation de sa condamnation.

Son répértoire

Son répértoire est très vaste. Il couvre des aires du baroque, mais aussi de la musique contemporaine. Mariana Nicolesco semble avoir eu une prédilection pour les grands rôles de Mozart (Donna Elvira dans Don Giovanni, Elettra dans Idomeneo, Vitellia dans La clemenza di Tito…) et de Verdi (Amelia dans Simon Boccanegra, Desdemona dans Otello, Gilda dans Rigoletto, Leonora dans Il trovatore, Luisa Miller…), mais aussi le bel canto italien (Anna Bolena, Maria Stuarda, Elisabetta dans Roberto Devereux, Maria di Rohan, ou encore Beatrice di Tenda qu’elle enregistre pour Sony sous la direction de Zedda). Elle prend part à plusieurs créations importantes, notamment l’oratorio Les Sept Portes de Jérusalem de Krzysztof Penderecki et l’opéra La vera storia de Luciano Berio.

Retirée des scènes depuis plusieurs années, Mariana Nicolesco avait fondé dans son pays natal le Concours de Chant Haricléa Darclée (du nom de sa lointaine compatriote, qui fut en 1900 la créatrice du rôle-titre de Tosca à la Scala di Milano). Un de plus grands mérites de Mariana Nicolesco a été celui de mettre en lumière l’activité de sa prédecesseure Haricléa Darclée, peu connue dans son pays natal.

Mariana Nicolesco a été membre d’honneur de l’Accadémie roumaine, Docteur Honoris Causa et professeur d’honneur de plusieurs universités roumaines et moldaves. Elle a été sacrée Commandeur de l’Italie, officier de l’Ordre des arts et des lettres en France et a été decerné l’Ordre national de l’Etoile de la Roumanie pour ses mérites exceptionnels. Invitée par le Pape Jean Paul II en 1993, Mariana Nicolesco a chanté des cantiques de Noël spécifiques à la Roumanie dans le cadre d’un concert à Vatican, transmis en direct dans le monde entier. Le compositeur polonais Krzysztof Penderecki avait composée spécialement pour sa voix une partie de l’opéra Seven Gates of Jerusalem.

Colinde (Romanian Christmas Carols) – Mariana Nicolesco la Vatican – YouTube

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